ISOLATION PAR L'EXTERIEUR ET PATRIMOINE BATI

Concilier travaux d'isolation et conservation du patrimoine bâti. 

Plusieurs associations de patrimoines françaises se sont mobilisées depuis bientôt deux ans contre l'obligation de travaux extérieurs prévus lors de la rénovation de bâtiment dans le cadre de la loi sur la transition énergétique.
Cette loi, votée le 17 août 2015, rendait obligatoire l'Isolation Thermique par l'Extérieur (ITE) en cas de ravalement de façade des bâtiments, exceptés ceux dotés de spécificités énergétiques et architecturales. Les associations de patrimoine avaient obtenu qu'un décret précise les catégories de bâtiments concernés et ceux exemptés, selon la date de construction ou les matériaux mis en oeuvre.
Un décret paru le 30 mai 2016 aplicable au premier janvier 2017 impose l'ITE à tous les bâtiments. Le décret,concernant les travaux rendus obligatoires à l'occasion d'autres travaux seront coûteux pour les propriétaires et catastrophiques pour l'architecture et le patrimoine de nos villes et villages.Il généralise l'obligation pour tout propriétaire entreprenant des travaux de ravalement importants ou de réfection de toiture. Cette technique d'isolation par l'extérieur cache les façades d'origine  faisant  perdre tout leur cachet à nos maisons à pans de bois,  constructions anciennes, maison en pierres et autres matériaux traditionnels utilisés avant le boom de la.construction après les années 50.
Pour échapper à cette obligation, en dehors de quelques exceptions patrimoniales, les propiétaires devront faire établir par un architecte "une note argumentée justifiant de la valeur patrimoniale ou architecturale de la façade et de la dégradation encourue" (nouvel article R 131-28-9 II du code de l'urbanisme). Soit donc, imposer la rémunération du professionnel pour ne pas subir cette isolation contrainte et pour conserver l'aspect de nos façades pluriséculaires pour certaines. 

A l'origine, la loi devait tenir compte des spécificités énergétiques et architecturales du bâti existant et s'appliquer à certaines catégories de bâtiments à définir par les matériaux constitutifs ou leur date de construction. Il s'agissait surtout de porter les efforts sur les bâtiments réalisés pendant le boom de la construction soit des années 50 jusqu'aux années 80. Un circulaire du ministère de l'Ecologie de juillet 2013 indiquait que les bâtiments construits avant 1948 "bénéficient des performances énergétiques relativement bonnes, proches des constructions du début des années 1990" et représentait environ un tiers de l'ensemble des logements.
Ces associations ont proposé de limiter l'obligation d'isolation du bâti ancien aux travaux d'aménagement des combles qui sont la première source de déperdition d'énergie dans les maisons et immeubles. Propositions qui ont été rejetées. 
Les Français sont très attachés à leur patrimoine pour leur valeur culturelle, historique, esthétique et ne souhaitent pas une uniformisation des bâtiments. Toutes ces maisons de caractère, immeubles anciens de centre ville, bâtiments en pierre ou en terre de nos campagnes font le charme et l'attractivité de nos territoires et ravissent les visiteurs de nos régions dans toutes leurs diversités. 
Les résultats obtenus par l'ITE ne sont certes plus à prouver et nombre de maisons et immeubles énergivores construits en parpaings et enduits,  peu isolés, mais disposant de volumes intéressants, seront les grands bénéficiaires de cette technique redonnant ainsi un attrait nouveau à ces bâtiments.
 
Certains propriétaires de maisons très anciennes se sont lancés dans la rénovation tout en conservant les volumes initiaux  et en mettant en oeuvre des techniques anciennes et des dispositifs contemporains dans un souci d'efficacité thermique, hygrothermique, lumière naturelle et énergie renouvelable. 
Les techniques anciennes qui utilisaient déjà l'orientation, la mitoyenneté, les matériaux locaux et renouvelables, les matériaux respirant et la ventilation naturelle sont certainement un appui pour l'architecture contemporaine et pour ce patrimoine à transmettre.
Ces croisements de techniques sauront nous aider dans la transition énergétique et sociale tout en nous permettant de garder l'attrait pour nos centres villes comme pour l'habitat plus dispersé.
Le 26 septembre 2016, les associations ont de nouveau rencontré les conseillers de la ministre. Certains points du texte les satisfont, mais réfutent toujours l'obligation de recours à un architecte lorsqu'il s'agit de d'isolation par l'extérieur. Ces associations envisagent même un recours en Conseil d'Etat "à moins qu'une solution puisse être trouvée avec la ministre".

Bonne nouvelle pour les centre villes historiques notamment !
Fin novembre 2016, il semble que le travail mené par les associations et les ministères de la Culture et de l'Environnement ont permis de revoir le décret afin de "mieux concilier les exigences de la rénovation énergétique et de la protection du patrimoine bâti" a expliqué la ministre Ségolène Royal. Un nouveau projet de décret a ainsi été défini, en sortant de son champ d'application "les façades qui ne sont pas constituées de briques industrielles, de blocs béton industriels ou assimilés, de béton banché ou de bardages métalliques".
A suivre donc ...

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